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Klask

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23 août 2011 2 23 /08 /août /2011 12:06

I-love-breizh.jpgChristian Le Meut m'a fait passer récemment un article du Télégramme dont le titre posait la question de savoir si la culture bretonne était "vieillotte" (lire ici)? J'aimerai aller plus loin que cet article qui a le mérite de poser un vrai débat, mais qui ne fait qu'effleurer le sujet et caricaturer un peu le propos.

 

La Bretagne est à la mode, c'est évident. Mais quelle Bretagne? Cet été encore, j'ai vu moult touristes, bretons ou non, arborer des T-shirts "I love BZH", "En Bretagne, il ne pleut que sur les cons" ou bien encore "Che Guevarrec"... ouais ouais! Pour être breton, il faut donc porter un T-Shirt qui le dise?

 

Je ne suis pas contre que la Bretagne se distingue de façon vestimentaire. Moi-même, j'achète de temps à autre les T-shirts Stered d'un de mes potes qui fait un réel effort pour la langue bretonne, mais je désteste les gardiens du temple qui utilisent l'image de la Bretagne, mais sans rien rendre à sa culture. L'exploitation pure et simple! L'exemple flagrant, c'est la marque A l'aise Breizh qui a popularisé l'image joyeuse de la Bretagne, mais dont le site n'est même pas bilingue! ça leur coûterait quoi? Des clopinettes! Mais pour la langue bretonne, ce serait ça de gagné.

 

Voilà donc notre pays aujourd'hui: revendiqué comme une marque de fromage ou un gadget à la mode! C'est certes un marche-pied, mais ça peut vite s'arrêter. Quand je vois certains arborer fièrement le Gwenn-ha-du, mais être contre la réunification, je me demande combien de bandes a leur drapeau! 5 bandes noires et 4 bandes blanches, ça a une signification! La Haute Bretagne ne se limite pas à l'Ille et Vilaine n'en déplaise à Jean-Louis Tourenne!

 

Alors, oui, je vous l'accorde, danses et musiques traditionnelles sont folkloriques. Et alors? On peut les apprécier comme telles et les faire évoluer comme le font certains bagadoù (je pense à Locoal ou Cap Caval). Certains aiment, d'autres non. Il ne suffit pas de jouer de la bombarde pour être breton et l'inverse n'est pas vrai non plus. Personnellement, je suis plutôt éclectique niveau musical, je ne suis pas catholique, je n'ai pas de costume trad'. Ce qui m'importe dans la culture bretonne, c'est l'immatériel: la langue, l'esprit, le regard sur le monde. Et ça ne se mesure pas à la taille du drapeau, ni à sa tenue vestimentaire.

 

gwenn-ha-du-geant.jpgAujourd'hui, comme dans les années 70 ("où les francophones chantaient Stivell et les bretonnants Dalida" comme dit toujours Herri Gourmelen), l'habit ne fait pas le moine et les millions de personnes qui portent A l'aise Breizh ou dont le coffre arbore une bigoudène (comme si les bigoudènes représentaient l'ensemble de la Bretagne!) ne sont pas toujours les plus fervents partisans de la culture bretonne. Cela étant, soyons positifs, il y a encore quelques décennies, on était verbalisé pour un Gwenn-ha-du sur l'arrière de sa voiture... La Bretagne n'est plus ringarde, mais l'avenir de sa culture et donc de son âme, de sa richesse, est encore entre les mains des bretons!

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 20:40
Lors de ma scolarité, il était un exercice qui me plaisait: l'explication de textes. C'est ce que je vous propose ici même en ayant conscience de la difficulté de l'exercice. Difficile car le discours de Marine Le Pen est diablement bien foutu et que, pour être tout à fait honnête, je retrouve dans la vidéo que j'ai choisi des pans de rhétorique que je pourrais utiliser notamment sur l'aspect critique du capitalisme. Difficile enfin car il est coutume de dire qu'il n'y a pas pire sort que d'être ignoré ce que nous devrions faire avec le FN. La belle affaire! Quand le FN a des chances d'arriver au second tour d'une élection présidentielle à venir, on a deux choix possibles: jouer les autruches, votre utile en sacrifiant un peu plus de démocratie et faire de la démagogie du type "le FN, c'est mal" OU expliquer le pourquoi il est impensable de voter FN. Pour cela, il faut posséder les clefs qui permettent de percer l'armure des chemises brunes.

Revenant de Berlin, quelques musées dans la tête, me voici frais dispo pour ce numéro d'équilibriste (avec en tête le drame norvégien d'abord attribué à Al Quaida puis à un taré d'extrême-droite). J'ai choisi cette vidéo car elle est à l'image du Front national: parsemé de multiples demi-vérités. Omettre est-il mentir? Pour ma part, la réponse est oui.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3d/Marine_Le_Pen_Palais_des_Sports_2007.jpgD'abord, définissons l'objet. Le Front national a été créé en 1972. Il reste à un niveau très bas jusqu'en 1984 où il obtient un gros score aux européennes. A sa tête, un homme charismatique et habitué des dérapages: Jean-Marie Le Pen. Je ne m'attarde pas. Simplement, je remarque qu'en janvier 2011, c'est Marine Le Pen qui prend le flambeau. La figure sacrée, le vénérable, reste président d'honneur. Et oui, c'est un truc assez courant chez nous ça, l'identification à un chef (ce n'est plus "Marine le Pen", mais "Marine". Moderne? branchée? Terriblement réac' oui!). On retrouve un premier trait pas vraiment porté sur la démocratie. Quand en plus, on fait dans la dynastie, ça commence à puer sérieusement. Mais n'allons pas trop vite en besogne et revenons à notre vidéo.

Passé le bla-bla de présentation, on constate que Marine Le Pen va droit au but. "Nous (FN) = combat pour la nation et la liberté", "eux (méchants) = islamisme et mondialisme". Ce qui nous donne déjà trois informations capitales pour décrire le parti frontiste.

  • La première, c'est qu'ils sont nationalistes, mais pas n'importe lequel: français. Un type comme moi, dans leur jargon, c'est un communautariste ("la République ne reconnait aucune communauté", c'est dans leur programme). Bref, encore une qui a raté un cours d'histoire sur le 19ème siècle et qui confond Etat et nation. Passons...
  • Le deuxième point, c'est nommer l'ennemi. L'islamisme, c'est la menace extérieure, c'est le métèque, l'Autre, celui qui n'est pas comme nous (français). Pas de racisme non! De la xénophobie. Nuance de taille. Le FN ne demande pas l'extermination d'une quelconque "race inférieure", elle demande le chacun chez soi et pas trop de contact. Cela étant, certains de ces membres ont été condamnés pour propos nazis et leur positionnement ni-droite, ni gauche affirmé, l'extrême-centre est un des axes forts de la rhétorique moderne des nazis. Le nazisme, c'est une troisième voie... le national-socialisme.
  • Autre ennemi, le mondialisme et voilà pourquoi le FN attire des "classes laborieuses" comme on les appelait au temps de l'Union soviétique. Le FN, c'est un discours de sécurité national face à l'atrocité de la mondialisation. L'Europe, c'est la dilution de son identité et l'atomisation qui transforme les citoyens en consommateurs.
Sur le capitalisme, le FN n'a pas tort et c'est ce qui le rend dangereux. Mais dit-il toute la vérité? La mondialisation (ajoutons "actuelle") écrabouille les identités au profit de l'individualisme le plus poussé. Mais faut-il pour autant critiquer la possibilité de communiquer avec le monde? Se replier sur ces frontières a-t-il un sens et  est-ce une réponse pertinente? A mon sens non et ce, pour deux raisons. Premièrement, quitter l'Union Européenne, c'est nous condamner soit à l'autarcie (sympa comme perspective), soit à la crise économique car il faudrait que tout le monde joue le jeu. Or, le franc était une monnaie faible qui aurait subi des dizaines de dévaluation si nous n'étions pas rentré dans l'euro (euro qui est une monnaie forte). On pourrait s'attarder sur le rôle de la monnaie, mais là n'est pas le propos. Ce que l'on peut dire, c'est que malgré un constat intéressant: ("prééminence de l'économie sur le politique"), la réponse est un peu réductrice: recréons des frontières! Oui, c'est de notoriété publique: face à la violence de rue, construisons un mur. Ubu ne ferait pas mieux!

Que nous dit ensuite Marine Le Pen? Qu'il existe des menaces (voir plus haut) et que le FN se pose en garant de la paix! La paix, c'est la pérenité des nations ou plutôt des Etats nations car un peu plus tard, elle fustige les libertaires.  Oubliant au passage que l'existance même de moults Etat-Nation est source de conflits quand ce n'est pas de guerre comme en Afrique. Pour elle et son parti, il existe donc une "compétition féroce entre civilisations" ("racines chrétiennes de l'Europe"). Stratégie classique d'opposition. Pas de nuances. Le discours devient choc: les immigrés volent vos emplois. Sur ce point, il est permis de se révolter, mais de surcroît de douter! Premièrement, l'émigration d'un pays dit "en voie de développement" (en réalité pas développés -économiquement parlant bien sûr- du tout) n'est jamais choisie. Deuxièmement, les Etats d'Europe ont besoin de main d'oeuvre car ils ne "produisent" pas assez d'enfants. J'ajouterai: quels emplois sont réservés aux immigrés? (ci-contre le type même du noir qui réussit... courant en France, non?) http://htdocs.kelbtp.com/images/articles/images/emplois-immigres.jpgDe surcroît, le brassage a toujours constitué une richesse importante. La révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV et la fuite des protestants a enrichit les Pays Bas et l'Allemagne et contribué à la ruine de la France sous l'empire du Roi Soleil. Mais enfin, décidément, les cours d'Histoire n'étaient pas la matière préférée de celle qui adûle Jeanne d'Arc, cette espèce de cinglée qui agissaient non selon la volonté des hommes, mais de Dieu donc tout aussi fanatique que les terroristes islamiques que Marine Le Pen dénonce (ceci fait d'ailleurs partie d'une autre critique du FN à venir). 

Anti-fa-Berlin.JPGViennent après la stigmatisation des ennemis intérieurs: les trotskystes, les communistes, les libertaires, les intellectuels (surtout ne pas penser), les élites et les médias au service de ces derniers. Il faut bien comprendre que le national-socialisme a besoin d'un Etat fort pour imposer son programme ou plutôt son non-programme. Les trotskystes entretiennent envers le FN une haine farouche. Internationalistes, ils prônent une révolution mondiale et sont donc plutôt éloignés d'un nationalisme du type FN. Les communistes sont l'ennemi juré, mais pas pour les mêmes raisons. Ils sont les ennemis parce qu'ils incarnent une idée collective et totalitaire (au sens systémique) comme la leur (avec un Etat fort). C'est donc clairement un concurrent. Le libertaire est pire que tout: il est anti-Etat, anarchiste donc dangereux et pour la liberté individuelle (peut-on dire pour un ordre naturel et pas imposé?). Enfin, critiquer "l'élite", c'est le gagne pain du FN: plus la corruption est forte, plus le FN clame: "regardez, nous sommes la morale face au vol". Que dire contre cela? Simplement qu'il faut investir la sphère politique et virer les pourris (peu nombreux au final).

Vidéo 2 (cherchez la suite). Nous en étions donc aux libertaires qui auraient une haine pour la nation et une haine pour la famille. Voilà un des fondamentaux du FN: conservatisme, morale ("travail, famille, patrie"... c'est plus de Pétain que le FN se réclame que d'Hitler). Non que la famille ne soit pas un lieu important, mais l'Etat doit-il s'immiscer dans la vie des ménages? Pour le FN, clairement oui. Il y a, comme dans les religions qu'elles soient catholique, juive ou musulmane, des règles strictes à respecter. Ce faisant, on entre dans une forme de totalitarisme qui veut soumettre l'individu à la tutelle d'une norme. La sphère privée n'existe plus.

J'avoue avoir une faiblesse pour la description de la ville américaine faite par Marine Le Pen. Le géographe qui sommeille en moi ne peut en effet que critiquer la spécialisation des territoires et notamment des villes, les zones d'activités qui saccagent la Bretagne. Oui, j'avoue que jusqu'à sa description de la France, je suis conquis! Hélas, immédiatement après suit la pensée prédominante de ce type de nationalisme: la volonté de briller. Car le FN n'est pas pour l'autarcie comme j'ai pu le laisser supposer plus haut. Le FN est pour que les valeurs de la France soit partagées par le plus grand nombre et singe, ce faisant, le colonialisme d'antan. Ah, l'Algérie Française, c'était quand même plus stable! Ah, l'Indochine française, ils étaient plus heureux tout de même. Le rayonnement de la France, une idée partagée bien au-delà de l'extrême-droite! N'est-ce pas M. Mélenchon?

La méthode du FN. Utiliser des mots durs comme "terrorisme", appliquer à d'autres les concepts que l'on attribue habituellement au nazisme (ainsi, les défenseurs du mondialisme souhaite la création d'un "Homme nouveau"). Enfin, marteler que la France est en danger, faire peur. Et surtout, surtout, flatter le sens patriotique des oreilles qui trainent. Marine Le Pen fustige (avec raison) ceux qui croient que l'Histoire à un sens, mais n'en rappelle pas moins que la France a 1000 ans (et le Troisième Reich alors?). Euh... la France telle qu'on la connait, non! D'où la négation des "communautés" type bretons, basques, corses et autres sous-nations.

Et voilà le couplet qui parle au peuple: une peinture sociale forte où l'Homme tient une place prédominante, où la chef du FN joue du violon sur le sort des miséreux que la charité chrétienne impose de sauver. Un paternalisme déconcertant pour un autonomiste comme moi! Car le bonheur, je ne l'attends pas de l'Etat moi! Cependant, il est nécessaire de constater que la gauche ne parle plus aux plus pauvres, aux déhérités. cet électorat ne vote plus ou s'est barré dans son immense majorité.
Entre les lignes, quelques références à Dieu (bah oui, le FN, c'est une union des plus bizarres entre catho intégristes, nazis, royalistes, fascistes, conservateurs, xénophobes...). A noter d'ailleurs que la présidente du FN s'identifie à la masse laborieuse, fustige les bobos elle qui, évidemment, a connu la pauvreté.

Oui donc à une critique de l'individualisme (je suis d'accord sur le danger d'une individualisation à outrance qui, entre parenthèses, n'a rien à voir avec l'individualisme absolu anarchiste), mais non à ce nationalisme dégoulinant, ce patriotisme qui voudrait que l'on meurt pour sa nation contre les civilisations menaçantes. Je suis nationaliste, mais sûrement pas de ce nationalisme là! Pour moi, la nation n'est qu'une volonté de vivre ensemble et dans "volonté", il y a la notion de choix, de libre arbitre. Il n'y a pas, comme dans le FN, de quelconque imposition, ni de hiérarchie entre les peuples ("notre peuple est un grand peuple"). Et je ne vois pas en quoi aimer son pays garantit le bonheur!

Tous ces discours torves ne prennent pas racine dans l'esprit de tous. Résister, c'est avant tout penser. Et penser par soi-même, c'est être informé. C'est à cela notamment que sert le Peuple breton. C'est ce que j'aspire à faire: informer. Cet article est sans doute incomplet, mais il donne quelques bases.

jesuisceuxquejesuis.JPG
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30 juin 2011 4 30 /06 /juin /2011 12:30

Nantes 18 juin 2011 Gael modifiée

Le 18 juin, j'étais - comme beaucoup de lecteurs de ce blog j'imagine - à Nantes pour une manifestation en faveur de la réunification bretonne. 5000 personnes passées à peu près inaperçues des journalistes, mais aussi des nantais tant le parcours était nul. Mais là n'est pas mon propos.

 

Suite à cette manifestation et au Peuple breton de juin que la rédaction avait choisi de consacrer à cette question essentiellement, j'ai eu l'occasion de rencontrer diverses personnes dont une en particulier qui s'est définie comme "jacobin" et avec qui j'ai (joyeusement) lancé le débat sur les thèmes cher à l'Emsav: réunification, indépendance, autonomie, langue bretonne...

 

L'auditoire est évidemment sceptique envers un type qui, d'emblée, se dit autonomiste dans un pays où l'on confond ce qualificatif avec "poseur de bombe" ou, plus cool, "indépendantiste". Durant notre discussion, mon interlocuteur m'a ressorti tout le contenu de son catéchisme en ayant pas conscience lui-même qu'il connaissait certes par coeur sa leçon de religion, mais qu'il ne savait pas la justifier. Parmi les idées reçues, l'une d'elle m'insupporte au plus haut point: celle de la légende selon laquelle le département aurait été créé pour être à un jour de cheval du chef lieu.

 

Absolument tout le monde a déjà entendu cette belle histoire, poétique finalement dont n'importe quelle andouille pourrait démontrer la fausseté tant c'est évident. Mais voilà, en France, on a pas l'habitude de réfléchir par nous-même: l'Etat nous aide à penser. Pourquoi est-ce faux? Premièrement car vous aurez remarqué que les départements sont à peu de choses près de tailles identiques et ce, en montagne comme en plaine. Ma formation de géographe (et même si je n'y connais rien en chevaux)  me fait dire qu'un pur-sang aurait tout de même beaucoup de mal à parcourir la même distance en montagne qu'un bourrin breton sur une plaine. M'enfin!

 

departements.jpgJe vous invite à lire l'édito du PB de juin dans lequel je développe ceci: la France a aménagé son territoire de Paris. Elle l'a construit. Au départ, il a fallu agréger des "provinces" (pro vincere = pays vaincu) dont la Bretagne, mais pas seulement. Très rapidement, on s'est rendu compte que ces "provinces" n'étaient pas stables et étaient susceptibles de contester la prédominance de Paris sur le reste du territoire. C'est là qu'apparait l'idée de département. Le département juste après la Révolution française qui est menacée aux frontières du pays et qui ne souhaite pas avoir de débordements internes. Cette carte ci-contre vous démontre que l'histoire du cheval est une vaste blague destinée à cacher la réalité: les départements ont été créés pour affaiblir les "provinces" en les divisant. La division étant au profit de Paris dont les préfets maillent le territoire.

 

Quel rapport avec la Loire-Atlantique me direz-vous? C'est simple. La stratégie du département n'a pas plus fonctionné que cela car, en Bretagne notamment, les cinq départements travaillaient entre deux plutôt bien, solidairement. Et ça, ça n'arrange pas les affaires de Paris bien décidé à dominer. Du coup, qu'à cela ne tienne, continuons le dépeçage et divisons davantage. Ce qui était vrai pour la Bretagne le fut aussi pour la Normandie par exemple. Une haute et une basse Normandie. On ampute la Bretagne de son poumon économique. Cette histoire là n'a rien à voir avec Pétain, c'était déjà prévu. Pétain n'a fait qui suivre...

 

Je vous invite à regarder ces deux cartes et à comprendre avec moi. La première ressemble à une carte d'Afrique, celle où l'on a tracé les frontières à la règle, en somme une administration (en fait, la règle a laissé les fleuves et cours d'eau délimiter des frontières qui font plus naturelles). La deuxième, on appelle ça un territoire autrement dit un espace approprié par des hommes.

 

 

 

France_anciennes_provinces_1789.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

carte-france-region.gif

 

 

 

 

Que voit-on sur cette ancienne carte? On constate que ce que dit l'UDB sur le redécoupage des régions de l'Ouest est pertinent. La Vendée, c'est le bas Poitou. Le Val de Loire est une quasi-réalité, la Bretagne est réunifiée et la Normandie aussi. Houlà, mais voilà... pourquoi le débat est-il bloqué? Peut-être parce que le jacobinisme parisien n'est pas terminé! J'en veux pour preuve les dernières déboires de la désormais célèbre série à succès "la langue bretonne à l'Assemblée Nationale et au Sénat". 

 

En France, il n'y a que Paris, le français et l'Etat. Pas dans mon monde... Ras-le-bol du conservatisme, essayons autre chose! Alors, quand j'entends Jacques Auxiette au sujet d'une éventuelle disparition du département dire que "l'on ne refait pas l'Histoire" (voir ici l'épique émission de radio), je me dis que merde, si, la France refait l'Histoire constamment. Les Hommes d'Etat n'ont rien à envier à Staline... quand ça ne leur plait pas, ils liquident. Cette situation là, nous devrions l'accepter? C'est ça les Droits de l'Homme? Sans région forte, pas d'autonomie possible. Et c'est de cela dont ont peur tous ces trouillards formés à l'ENA. Sur ce, je vais tenter de dégommer la réforme territoriale à venir...

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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 12:58

ToleranceAu cours d'une récente discussion, j'ai été frappé de voir à quel point une idée pouvait être ancrée profondément dans la tête d'une personne et surtout à quel point on pouvait prêter le flanc au racisme sans le savoir (et sans l'être d'ailleurs).  D'ailleurs, je crois que l'utilisation du terme "racisme" est erronée car la plupart des gens que l'on dit racistes considèrent les "étrangers" comme des êtres humains (de la même "espèce") et devraient plutôt être qualifiés de xénophobes (haine de l'étranger).

 

Tout est parti d'une banale discussion sur l'identité où mon interlocutrice me disait que si (ce fameux "si") tous les gens se disaient humain avant d'être de quelque part, on aurait moins de problème à s'entendre. Ce à quoi je lui ai rétorqué qu'en disant cela, elle m'excluait de la communauté humaine sous prétexte que je me prétendais breton. Bref, j'ai creusé pour essayer d'affûter mes arguments face à l'incompréhension de notre combat pour la reconnaissance.

 

Selon elle, en nommant un être par une identité, je lui ôte le droit d'être mon semblable. En gros, je vois en lui l'autre, le différent. Car oui, je revendique le droit de dire d'un noir qu'il est noir et de dire qu'une personne est juive ou catholique sans le résumer à cela, sans que cela doive être pris pour une insulte. En quoi l'est-ce? Je déteste les périphrases du genre "black"... pourquoi pas "negro" dans ce cas? Cela n'est rien d'autre que "noir" dans une autre langue! Tout ces gens qui ont peur de nommer un chat, qui se cachent, qui confondent un mot comme "musulman" avec "terrorisme". Quel piètre aveu de faiblesse! 

 

Bref, pour moi, l'intérêt de l'altérité, c'est justement la différence, pas la ressemblance. Je cherche chez l'autre ce qui n'est pas moi et qui m'intéresse car il m'élève. Le faisant, lui enlève-je pour autant de la valeur? Le considère-je comme inférieur à moi? Je ne le crois pas. Au contraire. L'inverse par contre relève à mon avis de l'hypocrisie intellectuelle, de ce que d'aucuns nomment les biens pensants. Ceux qui tolèrent.

 

J'ai toujours détesté ce mot et je ne comprenais pas pourquoi. Jusqu'à ce que j'en trouve une définition. Vient du latin tolerare, supporter. Et oui, dans le mot "tolérance", il y a une notion sous-entendue d'incompréhension. L'acceptation n'empêche nullement le mépris. C'est la capacité à accepter ce qu'on désapprouve. Exemple: je tolère les fumeurs. Je n'aime pas ça, mais j'accepte de les fréquenter même si la fumée me gêne et que je trouve que mes vêtements puent. J'accepte car je souhaite partager avec eux, mais je ne respecte pas pour autant leur choix.

 

Si j'essaye de voir en l'autre ce qui nous rassemble, ce qui est moi et seulement ça, alors je cherche à cotoyer des gens comme moi. Que mon interlocuteur soit un être humain, c'est d'une telle évidence (quelle que soit sa couleur de peau ou sa nationalité) que je n'ai pas besoin d'en faire une priorité. Je ne parle malheureusement pas aux arbres (ou plutôt ils ne me répondent pas). Quant aux animaux, nos codes sont différents! Donc, je comprends et me fais comprendre par un humain et qu'il le soit ne veut pas dire que je le respecte, que je respecte ce qu'il est.

 

respect-copie-1.jpg

Pour moi, en matière d'identité, je trouve autrement plus fort le terme de respect. Le respect, c'est l'estime de soi ou de l'autre. C'est un lien qui, justement, accepte l'autre pour ce qu'il est (dans toute sa multiplicité). On ne dira jamais assez que le "OU" est tyrannique. Ceux qui disent qu'on ne peut être breton et noir, ceux qui disent qu'on ne peut être breton et français, ceux qui disent qu'on ne peut être QUE français (on parle d'abolir la double nationalité en France, c'est d'actualité donc!), ceux qui disent qu'on est d'abord de quelque chose (musulman ou juif ou...). Je me fous du "d'abord". Je me définis en fonction de l'instant, de ce que j'ai envie d'être au moment T avec la personne qui est en face de moi. Et ce n'est pas parce que je me dis breton que je ne respecte pas mon interlocuteur qui ne l'est pas!

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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 11:24

port-d-alger-chat-du-rabbin.jpg

Dès sa sortie au cinéma, je suis allé me faire une idée de l'adaptation de la célèbre bande-dessinée de Joann Sfar le chat du rabbin (tomes 1, 2 et 5 si j'ai bien compris). Ne connaissant que le premier tome, mais ayant toujours eu dans l'idée de m'acheter la collection, je souhaitais confirmer mon idée sur l'auteur dont j'ai lu toute la série de Socrate, le demi-chien, chien un peu philosophe qui s'oppose à son débile de maître, le héros Hercule. 

 

Ma foi, c'est un film très particulier que j'ai vu hier. Particulier déjà dans sa forme car on a l'impression d'être dans une BD: le décors semble statique et seuls quelques éléments sont mouvants ce qui, ma foi, n'est pas désagréable et change des dessins animés Disney où tout va à une vitesse hallucinante...

 

Ici, c'est le contraire, tout est calme. L'action repose plus sur la pensée, les questions que se posent le rabbin Sfar et son chat qui parle après avoir ingurgité le perroquet. "J'ai toujours parlé, mais tu n'écoutais pas" dit le chat. Le maître se retrouve bouleversé par le côté rationnel du chat qui refuse de croire au créationnisme, qui refuse de croire que le monde a 5000 ans, qui veut faire sa bar-mitsva pour pouvoir être juif et rester auprès de sa maîtresse! 

juif-et-musulman.jpg

Dans Alger du début du XXème siècle, Sfar dénonce le fanatisme, le racisme, le colonialisme (belge au Congo notamment)... Truffé de références, le film peut-être perçu à plusieurs niveaux. J'ai particulièrement aimé les dialogues de paix et d'amitié entre le rabbin et son frère Sfar qui, lui, est musulman. Ce dernier d'ailleurs a une certaine ressemblance avec le héros populaire Nasr Eddin Hodja, énergumène tantôt sage, tantôt idiot de la culture musulmane et en tout cas posant les questions qui fâchent. Celui du film n'a rien d'un idiot, mais paraît décalé par rapport à l'image que se font les gens du musulman. Et pourtant... 

 

Le-Chat-du-Rabbin-Affiche-FR.jpgD'où ce conseil: cette BD et ce DVD mérite d'être dans tous les foyers. ça fera moins de cons! Moi qui ne suis ni juif, ni musulman, ni catholique, ni bouddhiste et pas plus athée, moi qui aime le courant de pensée panthéiste, je trouve la vision religieuse de Sfar on ne peut plus ouverte et j'y adhère. Comme le chat, je pense que Dieu est un mot qui a été créé pour se rassurer. 

 

Et j'ai adoré les réflexions philosophiques exprimées de façon sous-jascente avec simplicité: qu'est-ce qui distingue un homme d'un animal? (et si c'est la parole, alors le chat du rabbin est-il un chat). Qu'est-ce qu'être idolâtre? Qu'est-ce qui distingue un juif d'un musulman et même d'un catholique si ce n'est le nom de leur Dieu et quelques rituels différents? Comment distinguer nationalité de confession? (à ce titre, le chat a une réplique géniale juste avant la dictée que doit faire le rabbin). Peut-on trouver Dieu ailleurs qu'en soi? L'épisode de la citadelle des juifs d'Ethiopie est génial! 

 

Doublé par François Morel, le chat et ses oreilles de chauve-souris est un délice de subversion. Mais il montre la voie d'un monde de paix.

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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 18:24

revolution-copie-1.jpgNous vivons en ce moment de grands changements, sans doute aussi puissants que lors de la Révolution française mais nous ne nous en rendons pas forcément compte car nous tournons nous aussi! Pour débuter cet article, je me suis amusé à piocher une définition de "révolution": on appelle révolution tout changement ou innovation qui bouleverse l'ordre établi de façon radicale dans un domaine quelconque (wikipedia).

 

Comment donc qualifier le mouvement du 15 mai en Espagne qui, bravant les interdictions, a manifesté un besoin, une urgence de changement? "Nous voulons tout, tout de suite" semblait dire cette foule pacifique, ces jeunes frappés massivement par le chômage. Parallèlement, en France, je me faisais cette réflexion que le peuple grognait, voulait changer, mais ne savait pas s'y prendre. Pire, il beugle, mais n'a AUCUNE ambition d'avenir.

 

J'ai une lecture marxiste de l'histoire. Pour moi, la Révolution française a été confisquée par la bourgeoisie, bourgeoisie qui aujourd'hui ne se distingue plus d'une ancienne noblesse tant il est courant de voir des fils de..., des filles de..., des dynasties entières et ce dans tous les domaines. Le peuple lui, au lieu de se rebeller, envie ces "personnalités", ne souhaite pas un idéal de justice, mais souhaite la même chose que celui qui est au-dessus.

 

revolution.gif

Bref, alors que la classe politique sombre dans la bouffonnerie, deux solutions s'offrent à nous pour révolutionner notre société. Car de grands bouleversements grondent, ça se sent. Le système craque de partout. La première de ces solutions est effectivement de renverser les gouvernements, de se rassembler par milliers, millions sur les places et hurler sa rage, sa volonté de vivre dans un monde autre. C'est une solution anar qui me plait bien. Ou plutôt qui me plairait bien si seulement le peuple savait ce qu'il voulait. Je  me permets de dire ça du haut de mes 27 ans car je navigue dans la deuxième option depuis dix ans maintenant. La deuxième option, c'est au contraire, de renverser le pouvoir dans les partis politiques en place, de prendre le pouvoir et de lutter pied à pied contre les blocages. Ceci suppose d'apprendre des anciens, qu'ils transmettent leur savoir afin que nous n'ayons pas à tout recommencer. C'est ce que j'ai essayé de faire avec Ronan Leprohon et pour le moment, je tiens son rang... malgré mon inexpérience politique comparée à la sienne. Bref, la deuxième solution, c'est -plutôt que de la fuir comme la peste- de redonner du sens à la Politique!

 

Je pense malheureusement qu'en France, on en est loin. La tradition centralisée d'un Etat omniprésent et surpuissant n'est pas remise en cause. L'UDB, à son modeste niveau, propose une alternative qui s'appelle autonomie, une autre forme de gestion de la vie publique, plus proche du peuple, mieux contrôlable et plus concrête. La population, dans les urnes, n'en veux pas et continue de voter pour ceux qu'ils exècrent. Pire, on parle de "vote utile" et cette idée anti-démocratique s'accroit à mesure de l'imminence du danger fasciste alors que la raison voudrait au contraire faire bloc avec un projet alter, anti-Le Pen et consort qui puent le populisme, n'ont aucun projet si ce n'est vivre reclus ou comme des soldats. Aujourd'hui, la gauche a perdu la confiance du peuple et particulièrement celle des plus faibles... tout simplement car le peuple a préféré le pragmatisme populiste à l'Idéal. Pourquoi? Car la gauche n'a plus de projet, ne fait plus rêver, elle promet du sang, des larmes quand la droit promet le bonheur par le fric. Sauf qu'en mentant, cette droite radicalise le mouvement conservateur et populiste.

 

Le bipartisme n'en est qu'à ses débuts si la réforme territoriale passe. La résignation est incroyable ici. Quand on entend des gens trouvé normal que le pouvoir absolu soit à Paris, ça donne une idée de la confiance qu'ils ont de nous même, de ce qu'on peut faire ici. Nous, on ne fait pas du "populisme", on est ambitieux! Il y a une nuance. Si "faire de la politique" pour les élus qu'ils sont, c'est manger la soupe que nous sert l'Etat, alors, je leur réponds que je fais moi-même ma soupe, avec des légumes que j'ai choisi. Mon militantisme commence à s'effriter à cause d'élus comme ça. Si c'est ça la politique, alors remplaçons nos élus par des fonctionnaires! Et le mouvement du 15 mai a raison... car nous sommes foutus! Je préfère vivre pauvre, mais libre qu'avoir de l'argent, mais pas le pouvoir de décider qu'en faire. Et quitte à être provoc', qu'ils nous donnent le pouvoir sans argent, on fera mieux qu'eux!

 

Moralité: Vive le 15 mai, mais on est pas prêt d'avoir la même chose ici...  même si deux ou trois anar essayent de lancer un truc! Rien de spontané. Pour cela, il faudrait "sortir de la Matrice", arracher nos oeillères, savoir se jeter dans le vide et recherche autre chose que ce que nous avons toujours connu. Car le monde ne peut changer que si ceux qui le font le veulent. 

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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 14:21

horde-de-contrevent.jpgJe finis à l'instant ce livre qui était dans ma "pile" depuis peut-être un an et que j'ai avalé suite aux conseils avisés d'une camarade de l'UDB. J'avais commencé la lecture voilà quelques mois et laissé de côté, pas prêt pour un pavé de plusieurs centaines  de pages.  Ce livre, c'était la "Horde du Contrevent" écrit par Alain Damasio et il m'a soufflé... c'est le cas de le dire!

 

Car ce livre univers ne ressemble à rien de ce que j'ai lu auparavant. Cela part d'une idée absurde à savoir qu'une horde, 23 personnalités, contre du vent d'extrême-aval jusqu'à un extrême-amont mystérieux. Pour un Breton, c'est un peu inhabituel de se dire que le vent ne souffle que dans un sens... mais il faut avouer que le monde de Damasio tient la route et plus encore son histoire, une aventure jonglant avec des hypothèses métaphysiques de toute façon aussi inconcevables que l'univers dans lequel nous vivons, mais qui, tissées, crééent une sorte de vérité.

 

formation-goutte.jpgLes personnages sont attachants et le déroulement n'est pas niaiseux (Bien-Mal). Les paysages sont réels tant les descriptions sont à couper le souffle. Via les éléments, l'auteur nous plonge au coeur même de la horde, ce bloc, ce fer, qui cogne contre l'impossible, la quête du soi absolu. Le sang, les larmes, le découragement, l'humidité, la violence des vents, mais aussi l'amour et l'amitié, l'espoir d'un au-delà. On frôle la théologie et c'est un vrai bonheur. Par moments, je me prenais à repenser lors des cours de physique-chimie à mes délires philosophiques à savoir que nous étions fait de rien (après tout, la matière n'est rien d'autre que des électrons qui tournent autour d'atomes ce qui fait de nous un "vide dur").


Je pourrais citer des dizaines de passages, mais j'aurais trop peur de ne livrer qu'un aspect de cette histoire alors je vous invite plutôt à le lire vous-mêmes. Alain Damasio est un styliste, il utilise beaucoup de vocabulaire, joue avec les mots, en invente. ça fait plaisir de lire encore des écrivains de ce genre à notre époque où se multiplient sur les rayons des merdes innommables de quelques stars incapables d'aligner deux mots et/ou qui laissent le travail à un nègre qui parvient à sublimer leur pauvreté intellectuelle pour en faire des héros factices brillant uniquement aux yeux de ceux qui y croient.

 

L'originalité domine dans le livre de la pagination à la technique de narration en passant par la ponctuation. C'est un livre initiatique, un livre qui pose plus de questions qu'il n'y répond, un livre où l'ennui n'existe pas, un "livre vent" tant ça déroule, un livre à la cosmogonie presque magique, mais finalement plausible, un livre qui transforme, un livre qui ne critique pas, mais qui décrit l'absurde (le contre),  l'injustice sociale (Alticcio), l'entêtement (Norska), l'injustice tout court, de la Vie en somme. Plus fort que le café pour quelqu'un qui ne veut pas dormir...

 

Horde-Du-Contrevent.jpg

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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 15:00

delegation-de-patrons-bretons.jpg

Ceux qui comptent en Bretagne?

 

Le chef de l'État a reçu à déjeuner, aujourd'hui, une délégation de responsables économiques bretons. Beaucoup de chefs d’entreprise : Alain Glon (groupe Glon), Roland Beaumanoir (groupe de prêt à porter Beaumanoir), Christine Le Tennier (pionnière dans les algues alimentaires), Claude Guillemot (Guillemot corporation et le Club des Trente), Christian Roulleau (groupe Samsic), et le généticien Jean-Paul Moisan. Jakez Bernard, pour Produit en Bretagne, le géographe Jean Ollivro, Jean Le Vourch (Crédit agricole du Finistère) et Jacques Jaouen (président de la chambre régionale d’agriculture) complètent la délégation. Ainsi que l’unique politique breton, Pierre Méhaignerie, député UMP d’Ille-et-Vilaine. Au menu: simplifications administratives, flexibilité et dynamisme économique. Ansi que droit à l’expérimentation pour les Bretons.

 

Ainsi était décrite dans Ouest-france la rencontre qui a eu lieu hier (11 mai 2011) entre Nicolas Sarkozy et cette délégation bretonne (source). Aujourd'hui, ce n'est guère mieux! Au mieux a-t-on appris ce qu'ils ont mangé (langoustines et artichauts, quelle délicatesse!), que le protocole n'existait pour ainsi dire pas et que la discussion était libre (depuis quand Sarkozy est un chef d'Etat?). Alain Glon, l'homme pour qui "le problème, c'est la France" souhaitait, "dans l'esprit du CELIB" convaincre le chef de l'Etat de "donner une chance à la Bretagne", en d'autres termes, d'expérimenter. Grand bien leur fasse!

 

Pour ma part, même si je suis persuadé que la délégation a de fortes convictions bretonnes, je n'approuve pas la méthode. Encore une fois, Nicolas Sarkozy fait fi de la démocratie et lui préfère le lobby. L'idée, c'est de faire jazer le milieu breton toujours avide de "petites phrases" genre celle qu'avait prononcé Sarkozy sur la réunification, celles de Franck Louvrier... perte de temps que tout cela!


Même si j'ai confiance en notre géographe Jean Ollivro (seul "politique" aux idées relativement proches des nôtres), j'estime que cette délégation est un affront au monde politique, plus légitime que quelques "personnalités qualifiées" triées sur le volet. Je constate également que pour une délégation qui veut "expérimenter", les propos de l'indépendantiste (sic) Alain Glon sont pour le moins étranges: "les lois doivent évidemment être les mêmes pour tous". Un peu contradictoire avec le principe d'expérimentation en Bretagne, non? Le "évidemment" me sidère! Pour le moment, je constate que les lois identiques pour tous en France crééent des discrimations, mais on a jamais testé l'autonomie et des lois différenciées sur certaines compétences. Selon moi, une inégalité corrigée vaut mieux qu'une égalité fictive. On ne gère pas l'agriculture, l'eau, la culture, l'aménagement du territoire ou le développement économique de la même façon partout en France, merde! 

 

La réunification aura fait sourire le Président, nous en sommes ravis, nous qui militons depuis des décennies pour sa mise en place! Les élections approchent, il faut créer de nouveaux mirages. Si possible sans débat, avec des "experts", des "personnalités qualifiées". C'est sûr, le débat démocratique, c'est plus emmerdant!  

 

Vraiment ce monde de lobby ne me plait pas et à ce jeu, l'Emsav a tout à perdre... car nous sommes petits et malgré notre entêtement/détermination/gniak (rayez la mention inutile), nous perdrons inévitablement la bataille un jour ou l'autre si on délégitime le politique/l'idéal, au profit d'un pragmatisme incontrôlable (car à la merci de celui qui braille le plus fort ou du plus puissant)

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5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 18:21

vallee-de-la-lune-london.jpgLa vallée de la lune est un livre assez personnel de London, un livre dans lequel il a mis plus de lui-même que dans les autres. L'héroïne, Saxonne, est une jeune américaine de Oackland qui trime dans une usine en attendant l'amour, comme toutes ses copines. Elle fréquente moult bals et danse avec de nombreux prétendants, mais malgré son âge avançant, elle ne trouve personne qu'elle aime. Jusqu'au jour où elle rencontre par l'intermédiaire d'un ami Billy, un charretier, boxeur à ses heures. Ces deux-là vont débuter leur vie maritale sur les chapeaux de roue dans un bonheur mielleux et un peu long pour le lecteur... 

 

Sauf qu'Oakland vit une crise économique et que les grèves commencent. Billy, homme d'honneur et idéaliste, syndiqué tendance socialiste comme le frère de Saxonne, refuse se laisser dicter sa loi par des patrons. S'ensuivent des jours d'économie qui se transforment en jours de rationnement puis en jours de quasi-disette. L'auteur nous montre à quel point vivre en ville en période de crise économique est impossible tant le travailleur dépend d'une machine. Le Talon de fer, là encore, écrase l'ouvrier pourtant organisé.

 

Tout bascule pour le couple guimauve malgré la bravoure de Saxonne (femme au foyer). Billy se prend d'amitié pour John Barleycorn, Jean grain d'orge, sous entendu l'alcool. La dégringolade continue jusqu'à un point de paroxysme qui mène le boxeur en prison. Saxonne se retrouve seule et la vie de misère est admirablement bien décrite. D'ailleurs, il est intéressant de noter que là-bas, les pauvres pratiquaient la pêche à pied. Comme chez nous, en Bretagne finalement où avant de devenir un truc très tendance, cette activité n'était pratiquée que par les familles modestes qui ne pouvaient pas se nourrir convenablement.

 

Au retour de Billy, Saxonne l'entreprend de son projet: puisque la vie est si dure en ville, c'est qu'il faut partir à la campagne. Devenir paysan. Un thème incroyablement contemporain. Pour ma part, je pense de plus en plus que paysan est un métier d'avenir et bien qu'urbain jusqu'au bout des ongles, je suis un farouche opposant à l'idée de métropolisation. Ces villes qui exploitent la campagne me scandalisent et mon idéal résiderait plutôt dans la solidarité accrue entre villes et campagnes. Bref...

 

La Californie est un territoire nouveau au début du 20ème siècle et, comme dans les romans de Steinbeck, l'immensité est encore au rendez-vous! Peu de monde et beaucoup de terres. Chose assez troublante: la position de Billy concernant les étrangers. On a du mal à percevoir si c'est le personnage ou l'auteur qui pense ainsi. Remettons les choses dans leur contexte, on est dans les années 1910, la main d'oeuvre importée (les "jaunes"... pas au sens chinois, mais "traîtres") sont d'ailleurs... mais tout de même! Il y a quand même dans le livre une sorte d'apologie de l'américain dans certains passages. Dans d'autres, c'est l'inverse: quand Billy et Saxonne se retrouvent à la campagne, ils constatent que les portugais réussissent à tirer d'une terre bien plus qu'un américain car ils ont le sens paysan qui fait défaut aux américains.

 

californie.jpgCette deuxième partie du livre est plus initiatique. Après l'Enfer, le purgatoire et la recherche du paradis! Une longue quête en Californie, dans le Nevada ou l'Oregon pour trouver la terre idéale, la Terre Promise, cette "Vallée de la Lune" (j'ai retrouvé des coins que j'ai l'impression de connaître par Steinbeck comme Monterrey ou par P. K. Dick comme Berkeley mais à une autre époque!). Billy est dans le rêve de grandeur, mais le temps passant, la raison leur fait comprendre que l'on peut vivre sur peu de terre. La fin du livre a une tendance André Pochon (voir le Peuple breton du mois de mai), le paysan qui a gagné plus en travaillant moins et en polluant moins!

 

Un bon livre dans l'ensemble. Difficile d'abandonner la lecture d'un conteur comme London. Malgré un nombre certain de pages et quelques longueurs, on a du mal à décrocher! Je suis obligé de citer certains passages (édition 10-18, 1974) pour montrer comment l'auteur a su percevoir (on est au début du 20ème) la tromperie de ce système qu'on a voulu faire croire "pur et parfait":

"Un jour, à la marée montante, elle vit l'eau couverte de melons (...). Tous sans exception avaient été abimés par une coupure qui y laissait entrer l'eau salée (...)

- Voilà ce que font les gens qui ont de trop (...) C'est pour maintenir les prix. Ils les jettent par dessus bord à San Francisco.

- Mais pourquoi ne pas les donner à des gens pauvres?

- Il faut maintenir les prix.

- Mais, de toute façon les pauvres ne peuvent pas les acheter. ça ne pourrait pas nuire aux prix.

- Je ne sais pas. C'est leur habitude. Ils fendent les melons de sorte que les pauvres ne puissent les manger en les repêchant..."


(note personnelle: pour ceux qui ne le savent pas, les supermarchés jettent de la nourriture, des tonnes et des tonnes de nourriture et certains y déversent même des produits pour éviter que des gens viennent se servir. Vous comprenez, il ne faudrait pas qu'ils portent plainte s'ils sont malades!). 

 

Une façon plaisante et ludique de devenir anti-capitaliste! A contre-pied des métropolistes, un retour à la terre étonnament contemporain. Avec la seule différence qu'à l'époque dont il est question, tout était à construire et qu'aujourd'hui, la majeure partie de la production industrielle a été laissée à d'autres pays. Il nous reste l'agriculture... raison de plus pour faire vivre les paysans de leur travail et pas de subventions!

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 18:48

william-kate.jpgRegardez bien cette photo! Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont riches... et surtout ils vous font oublier vos petits soucis! Le mythe de la princesse est encore très ancrée dans notre société soi-disant républicaine!

 

Je n'ai plus la télévision depuis des mois et à chaque fois que je la regarde, je suis satisfait de ce choix! La télévision est un outil d'abrutissement collectif (puisqu'elle est mal utilisée) où les films disparaissent au profit de séries pourries, de jeux pour débiles, de débats consanguins dans lesquels les invités sont toujours les mêmes! Ces dernières semaines, nous avons frolé le degré zéro du journalisme avec le mariage princier outre-Manche. Sérieusement, cet "évènement" qui n'aurait du faire qu'un reportage de 10 minutes ce soir s'est transformé en show! France 2 allant même jusqu'à nous imposer un compte-à-rebours! Mais Bon Dieu, la télévision en France a décidé de ne plus informer ou bien?

 

Il devient difficile malgré l'oppulence de l'information sur le net de trouver un truc sérieux. D'un côté les lobbyistes de tout poil qui nous prédisent le pire pour le moindre texte de loi qui sort, de l'autre ceux qui sont payés pour faire rire les gens ou les faire rêver pour que la vie soit moins dure.

 

Mickey (le titre est emprunté à une chanson de la compagnie "Jolie Môme"), le prince William, Sarkozy's life, le bébé Carla, la primaire socialiste ou écolo... tout ceci est un marché juteux qui n'est destiné qu'à nous faire acheter du papier en flattant nos instincts les plus bas à savoir le commérage et l'envie.

 

loto.jpgRêver braves gens! De même que la loterie, nous voudrions tellement la même chose qu'on oublie que c'est grace à nous qu'ils ont ça. Vous remerciez votre patron qui vous paye vous? Pourquoi le ferait-on dès lors que l'on travaille? Il en bénéficie autant que nous, non? Je ne joue pas au loto car je sais que je perdrais toute ma vie et que je trouve qu'il y a plus simple que d'espérer (la dernière chance?) gagner le gros lot en investissant au final une fortune dans un jeu créé par l'Etat pour rappeler que "tout le monde peut réussir".

 

Et oui, aujourd'hui, l'école, c'est has been. Il faut être footballeur! Les gamins sont plus intelligents que nous ne croyons car ils analysent bien la société: le coût d'opportunité de faire des études n'est plus assez intéressant. Aujourd'hui, un doctorant est au chômage et un diplômé ne s'en sort pas aussi bien que certains petits malins qui exploitent le système! Sauf que le diplômé, il a quand même plus de chance de faire ce qui lui plait. Quant à gagner du fric... pour en faire quoi? La plupart des nouveaux riches ne savent même pas s'en servir!

 

 

Jetez donc vos téléviseurs et rendez-vous dans les bistrots ou autour d'un repas! Causons un peu quoi merde! Et si c'est trop dur, lancez des débats. Je vous donne le premier thème: la télévision, opium du peuple? Et un autre, pour le plaisir: Mickey, pourriture capitaliste ou ami des enfants?

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